Le sillon lumineux de frère Claude.
« La foi est immarcescible* en nous lorsque nous avons marqué la porte de notre âme au signe de l’Espérance... » Cette phrase écrite par un prêtre qui, lui aussi, traça un sillon lumineux sur lequel je reviendrai, convient parfaitement à notre cher frère Claude qui n’a cessé de semer des graines d’Espérance tout au long de son sacerdoce. La rencontre entre lui et le jeune messager Arnaud chargé de transmettre l’Espérance en l’Amour plus fort que la mort ne pouvait qu’avoir lieu...
C’est le dimanche 25 juin 1995 que frère Claude entra dans notre vie de manière providentielle. Il était alors Curé du groupement paroissial de Verneuil-sur-Avre, lieu de résidence de notre fidèle amie Madeleine qui lui avait offert le Tome I de "Vers le Soleil de Dieu" et, ce dimanche-là, l’avait invité à prendre le dessert avec nous qui avions déjeuné chez elle. Notre rencontre fut un vrai choc spirituel tant le partage, bref pourtant - le temps de réciter ensemble un Notre Père - fut intense, comme une onction christique nous enveloppant.
Frère Claude en a été si touché qu’il est vite reparti, pleurant d’émotion et répétant : « C’est au-delà des mots »...
Le ton entre nous était donné. En effet, ce que désormais nous vivrons ensemble procédera de l’indicible et de l’invisible et cela, dès la première visite de frère Claude à Amboise : en se réveillant le matin, il sentit une forte odeur d’encens. Les signes se poursuivirent tout au long de ces jours de rencontre durant lesquels nous avons prié devant l’Icône du Christ Pantocrator**, lu des messages, parlé de l’enfance d’Arnaud, observé le Cœur sur la couverture de "Mon petit Icare", étudié la préface du tome I de "Vers le Soleil de Dieu" par le Père Becqué, ainsi que les très nombreux témoignages reçus depuis la sortie de ce premier livre de messages. Nous formions déjà une équipe spirituelle, tournée vers l’Au-delà de lumière et vers le Christ, notre Pâque.
Il faudrait des pages et des pages pour raconter les liens de plus en plus étroits qui nous ont unis durant ces vingt années où nous avons avancé ensemble sur le chemin lumineux de frère Claude relié à Arnaud avec lequel il était en communion étroite. Une belle histoire d’amour entre un prêtre inspiré par l’Esprit Saint (qui décèdera le jour de la Pentecôte !) et un enfant de lumière (né un 12 mars comme lui), transmettant des messages par Vouloir Divin :
« Je suis un prêtre au Ciel mais je le serais moins si vous, Papa, Mamoune, ne l'acceptiez pas. Votre volonté spirituelle m'est parvenue au moment voulu par Dieu et votre don, tout humain et modeste qu'il soit, m'est devenu grâce divine sanctifiante.
...Sachez que le prêtre est la première porte que le Mal veut faire céder dans l' Église.
Gardez la porte, soyez vigilants comme nous le sommes. Les prêtres sont des hommes et ils vous sont frères. Or, que doit-on dire à un frère ? Pas des banalités ni seulement des politesses, mais des choses spirituelles, vraies, fortes et aimantes [...]
Je ne critique pas les prêtres. Y a-t-il une plus belle mission que celle de ces hommes sur la Terre mais je critique des prêtres, ceux qui justement ne sont pas assez prêtres du Dieu d'Amour et ne vivent pas totalement le "corps et âme divin". Mais ils sont hommes ! »
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome III)
Pour frère Claude il y avait là une épreuve : son ouverture d’esprit lui avait permis de prendre conscience des fruits de "Vers le Soleil de Dieu" et de leurs messages, d’une haute teneur spirituelle, qui lui apportaient un souffle divin et transcendant dont il avait besoin comme tout mystique - car il était un mystique, libre et aimant le Christ à la folie. Cependant il était prisonnier de ses attaches et de son obéissance à l’Église Institution, dont il lui arrivait de regretter l'enlisement dans une attitude respectant parfois trop la lettre sans l’éclairer par l’Esprit, ce qui le choquait***. Combien de fois ne nous a-t-il pas cité ces passages du tome II de Vers le Soleil de Dieu (p 211) qui correspondaient profondément à sa conception de l'Église :
« Jésus sur la croix ne s'était-il pas offert à tous ces voyageurs terrestres que vous êtes, qui que vous soyez, quoi que vous ayez commis, passeport en poche, perdu ou déchiré ? Les larrons ne sont‑ils pas là pour attester cette proximité ? Christ maudit‑Il le mauvais larron ? Non, c'est l'autre brigand qui le sermonne !
Dieu ne rejette personne, de quel droit son Église le ferait elle ? D'ailleurs si l’on rejetait quiconque s'écarte de ce que Christ veut, le paradis serait désert !
Ensemble, pasteurs et fidèles, dans un même amour et un même désir, vous devez abandonner les vieux anathèmes. Il vaut mieux remettre son âme à zéro plutôt que de rester enchaînés à des culpabilités stériles...
L'Église est un hôpital, elle n'est pas une maison de vacances pour chrétiens méritants... » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome II)
De manière étonnante, cette dernière phrase du deuxième tome de messages qui date de 1992, est en parfaite syntonie avec le discours prononcée par le pape François à Asunción au Paraguay lors de son dernier voyage (début juillet 2015) dans lequel il exprime qu'il veut des changements tous azimuts dans l'Église, désirant partout une « inclusion et non une exclusion », car ajoute-t-il « Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après la bataille ... Ce dont l’Église a le plus besoin aujourd’hui, c’est une capacité de guérir les blessures et de réchauffer les cœurs. »
Là est résumée comme vous le savez la finalité des messages christiques, finalité qui rejoint une fois encore les paroles actuelles du pape François : « Le vrai bonheur est d’être sensible, d’apprendre à pleurer avec ceux qui pleurent, d’être proche de ceux qui sont tristes, d’épauler, d’embrasser... »
Nous retrouvons la devise de notre Mouvement de l'Espérance Stella qui, à travers les messages de "Vers le Soleil de Dieu", s’est humblement consacrée à diffuser l’Espérance qui les irrigue. En effet, il s’agit de sécher les larmes de ceux qui souffrent : naufragés de l'amour et de la vie, sans-logis de l’âme, assoiffées de Dieu, etc... Notre devise est résumée par cette phrase de Raoul Follerau : « Seigneur faites nous mal avec la souffrance des autres », ce qui ne nous empêche pas de nous partager le bonheur de ceux qui sont heureux ...
Frère Claude non seulement lisait la revue "Lien" de l'Association et plus tard les "Lettres de liaison" que je lui envoyais en grossissant les caractères au fur et à mesure que sa vue baissait... Tout comme de très nombreux prêtres, il aimait ces publications, regrettant que nous ne soyons pas davantage aidés car il savait combien la transmission des messages était une mission à coeur offert, ardue, voire une véritable épreuve qu'il partageait discrètement.
Pour nous, il n'était pas question de compliquer sa vie sacerdotale, d’autant plus que nous avions compris combien il menait un combat intérieur difficile : son aspiration à l’Absolu et son désir de propager une foi vivante étaient parfois bridés...
Nous nous en tenions donc à une attitude amicale, à la fois spontanée et réservée, respectant en lui le prêtre de l’Institution contraint à une attitude discrète, compte tenu de nombreuses raideurs ecclésiales, cependant qu’il respectait en nous les parents du Messager Christique, obligés de garder une certaine liberté d’action tant certains membres de l’Église non seulement ne tenaient pas le moindre compte des messages d’Arnaud, mais auraient bien voulu museler son oeuvre pourtant marquée du Sceau Christique, ce que frère Claude accompagné par d’autres prêtres avait immédiatement discerné, pour sa plus grande joie, comme il l'exprime dans ce courrier du 24/12/2007 : « Merci pour le très beau témoignage de Frère Fabien. Merci à lui qui a permis au MDE de prendre son essor. Je demande au Seigneur qu’il donne à Nicole, la communicatrice, toute la force dont elle a besoin... Je formule pour le MDE Stella des souhaits d’abondance de grâces, de progrès spirituel, d’espérance et d’amour transmis au monde... »
Rien ne pouvait donc détruire l’harmonie de nos relations avec frère Claude basées avant tout sur notre lien avec le Christ. Nos rencontres régulières, nos conversations téléphoniques, nos courriers étaient un bonheur partagé, d’autant plus que nous savions bien que nous n’étions pas seuls... Arnaud était là, maints signes nous le faisaient savoir... dont celui que vous pourrez lire dans le prochain texte. Certes, c’est un signe tout simple mais sa portée n'avait pas échappé à frère Claude...
Durant toutes ces années de cheminement, d’échanges et de communion, nous avons ensemble visité des lieux empreints d’une profonde spiritualité : le Carmel de Lisieux où nous avons rencontré deux carmélites très lumineuses et ouvertes avec lesquelles frère Claude a beaucoup échangé jusqu’à la fin de sa vie, l’Abbaye de Timadeuc où il a fait un séjour, apportant à l’abbaye un ouvrage qu’il avait par découvert par hasard : une biographie de Dom Bernard, fondateur du monastère. La rencontre avec frère Fabien qui a tant compté dans la communication de Vers le Soleil de Dieu, ne pouvait être que celle de deux prêtres à la haute spiritualité communiant dans une même oeuvre christique dont ils avaient tous les deux compris et mesuré l’importance pour notre époque si pauvre en Espérance.
Mais il y eut aussi de simples visites de lieux spirituels : Ligugé, Fongombault, Preuilly, Saint Savin et ses fresques, etc ...
Une des plus marquantes visite fut celle de l’église paroissiale Saint-Gilles de l’île-Bouchard en Indre- et- Loire où, du 8 au 14 décembre 1947, quatre fillettes âgées de 7 à 12 ans, ont témoigné avoir vu dix fois dans l’église la Vierge Marie et l’Ange Gabriel. La « belle Dame » leur réclamait de prier pour la France alors en grand danger... Pendant plus de 50 ans, l’ Église a ignoré ces apparitions de « Notre-Dame de la Prière », qui ont porté de nombreux fruits de grâce. Heureusement, le 8 décembre 2001, le Cardinal André Vingt-Trois, alors archevêque de Tours, a autorisés les pèlerinages et le culte public célébrés pour invoquer Notre-Dame de la Prière.
De gauche à droite : Paul, Nicole, frère Claude sous le porche de l'église Saint -Gilles.
Le temps s’est écoulé, n’entachant pas nos rapports avec frère Claude, au contraire les densifiant, les rendant plus profonds, plus centrés sur l’Essentiel, c'est-à-dire l’Essence même de la foi : la certitude de la résurrection, la Communion des Saints et le Chemin vers le Soleil de Dieu.
Lorsque le tome IV a été publié, témoignant du prodigieux essor du messager, nous donnant des aperçus éblouissants d’un monde spatio-temporel, nous avons compris qu’il y avait chez frère Claude une adhésion à l’amplitude de la vision qui était donnée de notre destin céleste. Et c’est ainsi qu’il a rédigé en quelques jours sa magnifique préface qui a suscité des témoignages admiratifs dont certains seront publiés ultérieurement.
Mais là ne fut pas le seul rôle de frère Claude qui a parrainé « Dis-leur Mamoune » ce témoignage que je n’aurais pas écrit si frère Claude n’avait reçu des messages célestes lui demandant de m’inciter fortement à le rédiger. Cet ouvrage est donc bien « une commande du Ciel », ce qu’ont compris de très nombreux lecteurs que je remercie au passage...
Les dernières années de frère Claude furent un chemin de croix : il souffrait, ne pouvait plus lire, se déplaçait difficilement mais jusqu’au bout il a gardé sa dignité, trouvant même la force de plaisanter quand nous lui téléphonions tous les dimanches.
Il me demandait souvent de lui lire des passages de "Vers le Soleil de Dieu".
Il en est un qui résume le sillon lumineux qu’il a lui-même tracé lorsqu’il a écrit dans la préface du tome IV :
« Nous nous préparons la plupart du temps à l’instant qui suivra notre mort et Dieu sait s’il est essentiel ! Mais il convient – c’est une manière humaine de parler – de préparer l’éternité lointaine. »
Pour Frère Claude, cette préparation à l'éternité avait fait de lui un prématuré de la résurrection (tout comme frère Fabien et bien d'autres prêtres et lecteurs des messages christiques...).
En effet nous dit Arnaud, « il y a plus de proximité entre toi, frère lecteur, croyant en Christ, aimant les hommes et moi, qu’entre toi et bien d’autres de tes congénères rassis. Pour les prématurés de la Résurrection, le temps et l’espace abandonnent leurs normes mondaines et volatiles. »
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome IV p 117)
Ainsi, s'est achevé le sillon lumineux de frère Claude ayant rejoint l'Enfant de lumière qu'il aimait tant et avec lequel il avait vécu en Christ, champion de l’amour, une proximité Terre/Ciel préparant leur rencontre, devenue une éternelle réalité vivante.****
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Notes :
* immarcescible : (lat immarcescibilis : qui ne peut se flétrir) ; indestructible.
** (2Co 3,6)
*** Christ Pantocrator : On peut lire pages 181-182-183 de "Dis-leur, Mamoune" la locution du Christ (6 juillet 1993) à propos de la communication des messages.
**** Quelle consolation pour ceux qui ont perdu un être cher et suivent le sillon lumineux de frère Claude et les graines d'espérance qu'il a semées ! La rencontre entre frère Claude et Arnaud devenue éternelle préfigure celle des retrouvailles avec leurs aimé(e)s du Ciel. Ainsi le rêve d’Eternité illumine le présent et guérit leurs blessures en ouvrant en eux, dans l’illumination de l’Amour Infini, l’Horizon résurrectionnel.
Nicole Gourvennec
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