"Si l'Espérance t'a fait marcher plus haut que ta peur.
Si l'Espérance t'a fait marcher plus haut que ta peur.
Tu auras les yeux levés
Alors tu pourras tenir jusqu'au Soleil de Dieu."
M Scouarnec - J. Akepsimas.
Quelques semaines après une conférence du Père Brune sur Vers le Soleil de Dieu à Nantes, en juin 1993, le téléphone a sonné. J’ai décroché et entendu une voix sympathique, chaleureuse et enjouée, mais avec une pointe d’anxiété qu'un léger bégaiement laissait deviner.
C'était Pierre, dont les premières paroles furent pour le moins surprenantes : « Ainsi vous existez ! Vous êtes la maman d'Arnaud ? »
Que répondre sinon par une affirmation ? Je savais que d'autres mots viendraient et qu'il fallait les attendre. Et de fait, il me raconta sa vie : quarante-huit ans et depuis sept ans une lutte courageuse contre un cancer qui, inexorablement, envahissait son organisme, faisant osciller son existence entre les pôles de l'optimisme et du désespoir, au rythme de soins parfois très douloureux et d'analyses contraignantes.
Il avait subi quatre opérations et en était au traitement de la dernière chance qui ne serait - et il en était conscient - qu'un sursis. Je devinais sa blessure d'homme encore jeune que le malheur a frappé en pleine réussite professionnelle et qui, en dépit de sa foi, ne se résignait pas à s'abandonner à un destin qu'il trouvait injuste.
C'est par un membre de sa famille que «Vers le Soleil de Dieu» s'était trouvé sur sa route. En effet, ayant lu par hasard (?) l'annonce de la conférence du Père Brune, sa sœur avait décidé d'y assister. Convaincue que ce qu’elle avait entendu aiderait Pierre, elle lui avait offert le livre.
Et ce fut la découverte de l'Espérance Stella, une découverte qui se doublait d'une réticence où l'indignation affleurait : mais enfin, lui qui était chrétien pratiquant pourquoi ne savait-il pas cela qui lui paraissait si lumineux, si beau, mais peut-être trop beau pour être vrai ? Cette indignation, comment ne pas la partager quand on se trouve face à une foi fermée qui a verrouillé toute connaissance de l'Au-delà alors que cette connaissance ne concerne pas que des initiés mais tout homme venant au monde. C’est ce qu'exprime Arnaud :
« Un guide chrétien est avant tout un guide du voyage Terre-Ciel portant le flambeau du Christ. L'au-delà est notre pays et nous, vos aimés sommes ses habitants. Ignorer ceux qui sont sur l'Autre Rive et vous tendent la main, n'est-ce pas le contraire de l'amour ?
En effet, quel est cet amour qui refuse que vous nous connaissiez et qui ne veut pas vous laisser entrevoir ce qui vous attend après votre dernier souffle ?*
Que seraient l'esprit sans l'âme, la charité sans le cœur et la foi sans la lumière ?** » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome II p160)
Confronté à l'Espérance transmise par les messages d'Arnaud, Pierre le fonceur avait décidé de nous téléphoner à l'improviste. Il saurait bien s'il y avait mystification ! J'ai "joué le jeu", faisant semblant de ne pas comprendre qu'il enquêtait. Au bout de quelques minutes de conversation, j'ai proposé de lui passer Paul. Ainsi, il pourrait tranquillement continuer son "heure de vérité. Le calme de Paul, la simplicité du dialogue qui, très vite, est devenu un échange d'homme à homme sur des questions professionnelles, ont fait apparaître l'équilibre de notre vie et sa transparence. L'harmonie reconquise après la déchirure de la souffrance ne peut s'appuyer que sur la paix intérieure, paix que l'on puise dans la certitude des Retrouvailles.
Avec la droiture qui caractérise les cœurs simples parce que purs et aimants, Pierre s'est alors ouvert à la Source qui ne demandait qu'à bruire en lui mais qu'il avait peu à peu endiguée au fil des rites et de la rationalisation de sa foi. Il a alors rendu à la science médicale ce qui lui appartenait : l'improbabilité de sa guérison physique et à la foi, la certitude de la guérison de son âme.
Durant des mois, il nous a téléphoné le dimanche pour parler librement de l'Au-delà. Sa voix vibrait quand il évoquait Arnaud qu'il avait fait entrer dans sa vie en même temps que l'Espérance. Un jour, il nous a dit : J'abandonne le traitement que l'on essaie sur moi car il m'empêche de prier tant il me fait souffrir.
Cependant il s'est battu jusqu'au bout, pour sa femme et ses filles, et pour la vie qu'il continuait d'aimer.
Il ne se plaignait jamais mais il savait que je devinais ses luttes intérieures et que je les comprenais. Lui aussi connaissait tout des miennes mais il respectait mon silence à leur égard. Il me disait : Il faut que j'aie le temps de répandre l'Espérance des messages. Je veux que ceux qui sont comme moi connaissent Vers Le Soleil de Dieu. Ils doivent savoir !
Au terme de quelques mois, les communications téléphoniques se sont espacées, suivies de longues semaines sans nouvelles de Pierre. J'ai fini par lui envoyer une carte avec cette seule phrase : Pierre, nous sommes avec vous.
Fin mai, le téléphone a sonné : c’était Pierre. Sa voix était rauque et il était essoufflé. Il a simplement annoncé : Je rentre demain matin à l'hôpital.
J'ai pensé à Jésus au Mont des Oliviers mais très vite j'ai dit : Pierre nous nous retrouverons tous, cependant qu’une image me venait à l’esprit : celle de la photo cœur d’Arnaud que je lui avais envoyée.
Le cœur que l’on peut voir sur la photo s’est mystérieusement incrustée
sur la couverture d’un exemplaire de « Mon petit Icare »
qui raconte la vie terrestre d’Arnaud.
Au dos se trouvait cette phrase qui a circulé si souvent afin de transmettre l’Espérance Stella qu’elle est devenue un leitmotiv de réconfort : « Revêtez votre Esprit du manteau bleu de l’Espérance et n’oubliez pas que la mort n’existe plus : Christ l’a vaincue. »
Vers le Soleil de Dieu (Tome I)
L’évocation de cette citation m’a tellement bouleversée que je me suis entendue murmurer malgré moi : Quand vous verrez Arnaud, dites-lui que nous l'aimons.
Sa voix, devenue étonnamment claire, où se mêlaient douceur et ferme Espérance, s'est élevée : Je vous le promets !
Je suis sûre qu'il m'a vue sourire entre mes larmes comme moi je l'ai vu sourire.
Et nous avons laissé longuement s'établir entre nous les mots du silence puis nous avons raccroché car il n'y avait rien à ajouter...
Un mois plus tard une enveloppée bordée de noir se trouvait dans notre boîte aux lettres. Pierre, notre ami, avait rejoint les enfants de lumière qui ont dû l'accueillir, le guider vers la Lumière et l’aider depuis le Ciel à semer l'Espérance qui lui avait permis de croire en l’Amour plus fort que la mort.
Nos prières ont rejoint Pierre que nous n’avons jamais oublié : c’est par hasard que parmi les milliers de lettres accumulées depuis la fondation du MDE Stella, j’ai retrouvé ce texte concernant Pierre. En relisant ce témoignage, je me suis souvenue de son désir de transmettre l’Espérance et il m’est apparu qu’en ces temps sombres que nous traversons, je devais le faire avec lui en faisant connaître son itinéraire :
« Vous qui nous entendez, il faut que l'une de vos premières tâches soit de promouvoir ce progrès spirituel car, sans lui, pas de marche vers Dieu. » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome I)
Comment ne pas penser à Pierre, à sa marche vers le sommet divin là où les lignes, et les sons, les couleurs, et les parfums chantent des hymnes sereins ?
« Aimés de par tous les sentiers du monde,
Ayez l'amour pyramidal et, pour cela, étendez un polygone de tendresse sur les hommes et dressez en son centre l'Axe de l'Esprit.
Vos amours se rejoindront alors en un seul point : le Sommet Divin, là où l'Amour Parfait est point d'orgue de la géométrie spirituelle, là où les lignes et les sons, les couleurs et les parfums chantent des hymnes sereins...
Vos goélands, écoliers joyeux du Christ. » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (T II p 233-234
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* « Qu’on ne vous vole pas l’Espérance a dit le Pape François... » Voir les textes N°s 54 et 56
** « Le mystère réside beaucoup moins dans l’Au-delà que dans la conscience verrouillée des hommes. » Vers le Soleil de Dieu (Tome III)
Nicole Gourvennec