« Vous qui nous aimez, ne redoutez pas notre montée de sphère en sphère car, à l’heure de nos retrouvailles, votre bonheur n’en sera que plus grand.»
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome I )
Il était une fois un berger consciencieux mais si directif que lorsqu’il menait paître ses brebis, il contrôlait leur itinéraire afin qu’elles empruntent sans écart le chemin bien droit qui leur était tracé. Il veillait aussi à ce qu’elles ne quittent pas le pré soigneusement délimité où, malheureusement, l’herbe se faisait de plus en plus clairsemée car le sol non entretenu s’appauvrissait. Quant à l’eau, elle apparaissait rare et insalubre.
A ses brebis mal nourries et qui dépérissaient, il disait : « Le terrain redeviendra fertile, ne vous inquiétez pas. »
Un jour, sur les pentes abruptes surplombant de très haut la prairie, apparurent des jolies fleurs blanches, si lumineuses qu’elles évoquaient des étoiles tombées du Ciel, cependant qu’une source cristalline jaillissait d’un rocher pour les perler de gouttes de rosée.
Le paysage en était transformé, rajeuni, sous l’effet d’une aurore irisée.
Les brebis étaient immobiles, éblouies par ces visions qui les illuminaient et ouvraient pour elles un espoir de libération.
Las ! Affolé, notre pauvre berger les mit immédiatement en garde : « Attention ! Ces plantes sont sûrement dangereuses. Trop difficiles d’accès, trop brillantes, trop belles, c’est une ruse du Malin, tout comme cette source limpide qui bruisse si habilement afin de vous attirer.
Détournez-vous de tout cela et restez dans la prairie, protégées par les barrières que j’ai placées. En aucun cas vous ne devez en franchir les limites.
Les plus apeurées des brebis se regroupèrent autour du berger, fermant les yeux pour ne plus voir les fleurs étoilées qui les attiraient tant et la source dont l’eau était si pure que le Ciel s’y reflétait.
En dépit de la faim et la soif qui les tenaillaient, la plupart des brebis obéirent et restèrent prudemment dans l’enclos, regardant certaines de leurs sœurs plus hardies s’en aller et entreprendre l’escalade des pentes baignées par l’aube limpide.
Nourries par les fleurs-étoiles, désaltérées par l’eau claire de la source qui leur sembla être une vraie Source de Vie, les brebis alpinistes grimpèrent de plus en plus haut, envahies par une joie de vivre qui les rendait si légères qu’elles ressentaient à peine l’effort de l’escalade.
Autour d’elles de beaux oiseaux blancs, des goélands sans doute, encourageaient leur ascension qui, de solitaire, était devenue celle d’une cordée fraternelle :
« Aimés de par tous les sentiers du monde,
Ayez l'amour pyramidal et, pour cela, étendez un polygone de tendresse
sur les hommes et dressez en son centre l'Axe de l'Esprit.
Vos amours se rejoindront alors en un seul point : le Sommet Divin... »
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome II p 233)
L’amour envahissait nos brebis et noyait tous les autres sentiments en elles.
Tout à coup, de là-haut, un Rayon de Soleil les effleura et une Voix douce murmura à chacune d’elles :
« Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. »
Emplies d’allégresse, elles se dirent : « C’est Lui, le Berger Suprême. » Et c’est alors qu’elles constatèrent qu’au milieu de leur groupe se trouvaient des bergers humbles et doux qui avaient été les premiers de cordée.
Après quelques hésitations, le berger au comportement autoritaire et fermé les rejoignit, suivi par les brebis obéissantes devenues libres... Et c’est ainsi que bergers et brebis redescendirent dans la prairie pour y planter des graines de Fleurs-étoiles faisant germer librement l’amour pyramidal, l’amour qui prend racine sur Terre mais se nourrit de la rosée du Ciel, à condition que tombent les barrières.
Nicole Gourvennec
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