A des degrés divers, toutes les communications entre les êtres de la terre et ceux du ciel participent au même désir, conscient ou non, d’une communion au sein de l’Infini. C’est toujours la question : « Où es-tu, toi que j’aime ? » C’est là que commence une étape sur le chemin de recherche de l’aimé(e).
Claudie, maman de Nadia, belle jeune femme emportée brutalement en 1994, traversait cette étape quand elle a écrit au MDE Stella dont elle avait entendu parler. A la lecture de sa lettre désespérée et si touchante, j’ai su que ce serait difficile de l’aider tant son désespoir contenait une part de révolte profonde. Ce premier texte rend compte du début de son itinéraire, cependant qu’un deuxième vous permettra de suivre son étonnante et réconfortante évolution démontrant la force de l’Espérance Stella.
Voici le témoignage de Claudie :
« II y a plus d'un an maintenant que j'ai perdu ma grande fille, Nadia. Elle avait 31 ans, elle adorait la vie, et elle était d'une sensibilité et d’une joie de vivre extrêmes. Elle est partie en huit jours d'une maladie très rare. Tout a été horrible pendant cette semaine-là...
Le jour de l'enterrement, je me suis sentie seule malgré la présence de ma famille et de mes amis.
Ce fut affreux ! Et depuis, c'est si difficile de continuer... Je voudrais "croire" vraiment. Je me pose, trop de questions pour y arriver et la première : Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi nous a-t-elle quittés ? »
Les « pourquoi » ?
Que répondre au questionnement sur ces « pourquoi » ?
Ecoutons Arnaud :
« Pourquoi est inutile ! (...) En effet, blanchissez tous les tableaux noirs que vous voulez de vos « pourquoi » bourrez vos ordinateurs ‑ veaux d'or de votre orgueil ! ‑ de ces mêmes « pourquoi » avec les réponses les plus subtiles que vous trouverez, vous ne connaîtrez jamais au terme de la vie humaine les réponses aux « pourquoi » essentiels. La question la plus importante n'est pas : « pourquoi ? » mais : « comment ?».
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome I p 184)
Le temps des « comment ? » n’était pas encore accessible à Claudia déjà devenue ma sœur de douleur, il ne me restait plus qu’à partager avec elle sa solitude et sa souffrance et à esquisser le thème de l‘Espérance...
La solitude et la souffrance
Hélas ! Elles sont le lot des cœurs blessés, surtout lorsqu'il s'agit de la perte d'un enfant car notre société, souvent erratique moralement et spirituellement, tourne le dos à notre humaine condition (mortelle), surévaluant la jeunesse (passagère) et le bonheur terrestre (fragile), réclamé à Dieu comme un dû !
Dans ces conditions, cette société ne peut que vouloir ignorer ceux dont le destin est un déni à leurs " beaux rêves" plus ou moins égoïstes ; d’où la solitude des blessés de la vie, sauf s'ils se coulent dans le moule pailleté des "On n'a qu'une vie !" ou encore : "La vie continue !" Dans ce cas, on dit qu'ils sont courageux !
Quant à ceux qui continuent de pleurer, on les trouve gênants ! Et pour se donner bonne conscience, on leur reproche (pêle-mêle) de trop aimer l'enfant ou l’aimé(e) disparu(e)), de lui vouer un culte, de manquer de cran, voire de foi (comme si la foi enlevait "d'un coup de baguette magique" le vide de la séparation ! ) Parfois aussi ils s'entendent dire que cela arrive à d'autres, ce qui est évidemment le contraire d'une consolation ! Pardonnons à ces frères et sœurs qui ne savent pas à quel point ils sont loin de I' amour :
« Aimer, c’est aider, aimer, c'est partager. Partager quoi ? Tout et, entre autres, la souffrance... Comment peut‑on vouloir trouver la sérénité intérieure, la sagesse supérieure, en éradiquant toute souffrance physique, morale et spirituelle, et cependant vivre l'amour partagé ? Aimer, c'esaider, aimer, c'est partager. Partager quoi ? Tout, et entre autre, la souffrance !
Christ, qu'a‑t‑Il‑fait ? Il a porté notre croix en la sienne (et ainsi) Il nous montre le chemin, celui de chacun de nous, pas à pas, cœur à cœur ; sa résurrection prépare la nôtre...
Mais, bien sûr, ce chemin qui passe par la souffrance, nous sommes libres de I’accepter ou de le refuser (...) Quand un homme naît, Dieu est joie et angoisse. Il aime l’homme mais redoute cette liberté qu’il lui a donnée... Car Dieu ne peut nous sauver sans nous. »
L’Espérance
« Espérer, c'est accepter que le Chemin du Christ soit notre chemin, croire que la Vie éternelle est préparée dès cette terre, sans rechercher la souffrance, certes, mais si elle survient, la considérer comme un raccourci sur le chemin du bonheur des Cieux. Car dans les deux étapes de la vie à parcourir : l'étape terrestre, puis l'étape céleste, on ne peut éluder la souffrance parce que le métal de nos âmes (dans lequel se trouve la paille du péché) ne peut se transmuer en or sans l'épreuve purificatrice. C’est une loi spirituelle inévitable : il faut apprendre à AIMER, non pas selon le monde, mais selon Dieu, en se libérant des entraves de la matière. C’est sur la Terre, uniquement sur la terre, que nous préparons la moisson éternelle. La résurrection est une suite et non pas un commencement. » Arnaud
Le Bonheur des Cieux
Et nous en revenons au départ des enfants ou des êtres jeunes. Ce qu'ils ont "perdu" en bonheur terrestre, leur est rendu en Bonheur des Cieux, c'est à dire au centuple. Eux sont sauvés et heureux : « Il n’y a qu’un bonheur, celui qui est éternel parce qu’issu de l’amour. Il est concrétion qui naît sur terre pour s'achever dans les espaces infinis préparés par Dieu. » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome II p 57)
Amie Claudie, la vie terrestre de Nadia s’est achevée trop tôt pour votre cœur (et comment ne pas vous comprendre...) mais dites-vous qu'elle n'est pas partie mais a rejoint le Pays d'éternité, notre vraie Patrie. Si l'étape terrestre fut courte, son Bonheur sera plus rapidement acquis car elle n'a pas eu le temps de s'embourber dans la matière.
Quant à vos larmes, « vous les retrouvez gouttes d’or ans les Cieux ».
C’est ce que Dieu promet à ceux qui souffrent, dans cette phrase des Béatitudes, si mal commentée la plupart du temps :« Heureux les affligés, car ils seront consolés. »
Quant à ceux qui n'ont pas à être consolés car ils sont gavés de plaisirs terrestres vécus égoïstement, il faudra bien qu'ils apprennent à AIMER s'ils veulent VIVRE Tout est dans la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche qui, à sa mort, entendit ceci : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant ici il est consolé, et toi, tu es tourmenté. » (LC 16, 25)
Telle est la Loi d’Amour : ce n'est pas la richesse (au sens large) qui est reprochée au riche mais son indifférence. Et la suite est tout aussi intéressante : le riche veut avertir ses frères mais il lui est répondu « ils ne seront pas convaincus », comme ne sont pas convaincus ceux qui refusent les messages christiques parce qu'ils affirment (dans la totale fidélité à la Parole), la valeur rédemptrice de la souffrance - non pas châtiment d'un Dieu vengeur, mais condition d'éclosion de notre Bonheur au Royaume d’un Dieu d’Amour.
Seule la souffrance vous permettra d'acquérir les dons spirituels qui vous donneront de voir et d'entendre Christ : « Si quelqu'un entend ma voix...
L'une des méprises de certains chemins spirituels nouveaux est de simplifier l'au-delà de la mort et de laisser croire que tout devient simple, merveilleux et facile, sitôt la porte de la mort franchie.
Moi-même, nouveau-né au Ciel, enivré par mes découvertes, subjugué par ma propre métamorphose, je n'ai pas alors perçu le chemin qui m'attendait et qui attend chacun, sauf à être un nouvel Etienne.
J'ai beaucoup changé depuis mes ballades sur les premières et douces pentes de l'étincelant Massif Christique, mais maintenant ce que je vis est mille fois plus beau que la plus belle vie du plus chanceux des hommes.
Et cela est si pur ! » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome 3 p 243)
Il nous appartient de ne pas commettre d’erreur : les mots "bonheur" et "souffrance', recouvrent mal la Réalité des Cieux, à la fois plus difficile que nous l'imaginons, mais aussi tellement plus belle !
Amie Claudie, Nadia ne regrette pas son envol prématuré de la terre : il ne manque rien à son immense Bonheur sinon de le partager avec vous car pour elle il n'y a pas de séparation. Mais votre désir d'Espérance est déjà de l'Espérance en marche. Votre cœur, s’il résiste à la tentation de la révolte, peut donc s'ouvrir à ce que Nadia vous dit, tout comme Arnaud et les enfants de lumière le disent à leurs aimé(e)s:
« (...) Ne pleurez pas le bonheur perdu...
Tout bonheur terrestre n'est qu'un prêt qui s'échappe un jour, mais s'il est vrai amour comme le nôtre, c'est pour se préserver dans la main de Dieu.
C'est Lui qui nous le rendra, plus qu'intact, clair comme le cristal, neuf comme le matin. » Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome 2 p 99)
Vous verrez, Claudie, un jour vos yeux ne quitteront plus les beaux yeux de Nadia dans lesquels vous lirez I ‘Éternité de l’Amour.
« L’enfant, le père, l’épouse etc. jamais ne meurent.
Frère animal sur vous pose son regard
Et l’embryon allume son étoile.
Pourquoi Jésus serait-il donc venu et visage humain aurait pris
Si ce n’est pour qu’on s’éprit de LUI ?
Plus Dieu vous aimerez
Mieux vos amours garderez. »
Arnaud Vers le Soleil de Dieu (Tome 3 p. 216-217)
Ainsi s’achève le début du chemin d’Espérance de Claudie avec laquelle j’ai continué à correspondre pendant plusieurs années avec des phases de silence : l’Espérance avait du mal à triompher, jusqu’à 2015-2016 où Claudie a fait un chemin tellement ascendant qu’il apparaît illuminé par le Soleil de l'éternité... Ce sera le témoignage livré dans le texte N° 91.
Nicole Gourvennec